Au coin le plus obscur du jardin des déesses
Dort le Singe Idéal, dont les immenses fesses
Etalent de l’Azur les éblouissements.
Une Négresse allaite un troupeau d’éléphants,
Mignons d’Olympe, dont la trompe au pâles lèvres
S’enivre d’un lait noir et qui donne les fièvres
Puis, abreuvés ils vont, balançant sur le dos
Le haut machicoulis fantasque des châteaux
D’ivoire et de jadis, broûter dans la prairie.
Des baleines de cuir, rêvant sur l’eau fleurie,
Font jaillir le cristal tournoyant de leur trombe,
Qui monte vers le ciel, se lasse, puis retombe
Avec un clapotis sonore de tambour
Sur les lotus gonflés de parfums et d’amour
Comme les chairs en feu de l’Anadyomène.
Voici, sur l’or de la plage qui se promène
Béhémot: et dans l’air voici le Roc géant,
Qui pond de temps à autre au giron du néant
De nouveaux univers complets, chacun garni
D’un petit Tout-Puissant qui se croit infini.